Tugan
Sokhiev, direction
Vadim Gluzman, violon
Dimitri
Chostakovitch : Concerto pour violon n° 1 en la mineur,
op. 99
Sergueï Rachmaninov
: Danses symphoniques, op. 45
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À saisir :
Musée en musique dispose encore de quelques places pour le concert du
27 octobre à la MC2.
Dimitri
Chostakovitch termina son Premier Concerto pour violon en 1948, un an
après la publication du sinistre rapport Jdanov : il eut la prudence
d’attendre deux ans après la mort de Staline pour le faire jouer en
public. La partie soliste fut considérée par son dédicataire et
créateur David Oïstrakh comme « un puissant rôle shakespearien ». Le
premier des cinq mouvements est une lente méditation au caractère
improvisé et sombre ; un scherzo élégant et agité mène à une immense
passacaille d’une désolante intensité ; la cadence de plus de quatre
minutes réservée au soliste est un sommet de virtuosité ; l’allegro
final, intitulé Burlesque, fait entendre des thèmes populaires de
danses russes. Vaste œuvre symphonique, ce concerto n’est pas sans
rappeler l’univers inquiet, voire morbide, des quatuors. On peut
s’étonner que Sergueï Rachmaninov, qui publia les Danses symphoniques
en 1940, ait conservé une inspiration russe aussi profonde après tant
d’années d’exil à l’Ouest. Il est vrai que cette partition reprend le
ballet inachevé de 1914 Les Scythes. L’énergie rythmique si
caractéristique de la musique russe alterne avec des moments élégiaques
et sentimentaux. Comme toujours dans la musique de Rachmaninov, on
reste captivé par le contraste entre la virtuosité brillante et
l’introspection nostalgique. L’exposé au saxophone du thème langoureux
du premier mouvement, non allegro, est un pur instant de bonheur.
L’approche de la mort est plus tard évoquée par le Dies irae d’une
danse macabre. Une citation de l’alléluia des propres Vêpres de
Rachmaninov vient même se joindre à l’exultation finale, d’une vitalité
rythmique insensée. Sous la direction artistique de Michel Plasson,
l’Orchestre national du Capitole de Toulouse a rencontré une notoriété
internationale. La présence du jeune chef ossète, Tugan Sokhiev, à ce
poste depuis 2008, perpétue la gloire de cette formation que la MC2
accueillit dans un programme de musique russe en 2009. L'israélien
Vadim Gluzman est l'un des artistes contemporains les plus brillants
grâce à sa technique et sa sensibilité qui nous refait découvrir l'âge
d'or des violonistes des XIXe et XXe siècles avec la passion et
l'énergie du XXIe siècle.
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